L’article « Betting on Influence : The Impact of Gambling Advertising on the Attitudes and Behaviors of Problem Gamblers in France » (Tessier, Romo, Gonthier et Zerhouni, 2025), publié dans Psychology of Addictive Behaviors, examine comment la publicité des jeux d’argent influence les attitudes et les comportements des adultes français qui pratiquent le jeu, en particulier ceux présentant des niveaux de risque élevés.
L’étude s’appuie sur une approche méthodologique combinant l’exposition à des affichages publicitaires réels à l’analyse de facteurs psychologiques individuels. Présentation et résumé.
Objectif
La prolifération de la publicité pour les jeux d’argent et de hasard suscite des inquiétudes quant à ses effets sur les comportements de jeu, en particulier chez les populations vulnérables telles que les joueurs à risque élevé. Cette étude examine l’influence de la publicité pour les jeux d’argent sur les attitudes et les intentions de jeu à partir d’un large échantillon de joueurs en France.
Méthode
Un questionnaire en ligne a été utilisé dans le cadre d’une étude transversale, avec une collecte de données réalisée entre le 15 février et le 30 avril 2021. Les participants ont été recrutés via un canal unique, à savoir la liste de diffusion des clients de la Française des Jeux, aboutissant à un échantillon final de 1 334 participants (62 % d’hommes, 38 % de femmes, < 1 % autres), d’un âge moyen de 41,37 ans (ET = 15,07). Les participants ont complété plusieurs questionnaires validés, dont l’Indice canadien du jeu excessif, des mesures de rappel publicitaire, d’impulsivité et de distorsions cognitives. L’exposition aux messages de jeu responsable a été relevée de manière descriptive et n’a pas fait l’objet d’une manipulation expérimentale.
Résultats
Les résultats indiquent que l’exposition à la publicité pour les jeux d’argent est significativement associée à des attitudes plus positives à l’égard du jeu ainsi qu’à des intentions accrues de s’engager dans des activités de jeu. Les joueurs présentant le niveau de risque le plus élevé se sont révélés particulièrement sensibles à l’influence publicitaire, avec un meilleur rappel des annonces et une probabilité plus forte de jouer après exposition.
Conclusions
Cette étude met en évidence la nécessité urgente de mesures réglementaires visant à limiter l’exposition des populations vulnérables à la publicité pour les jeux d’argent et à élaborer des stratégies permettant de réduire les dommages liés au jeu.
Déclaration d’importance pour la santé publique
Les publicités pour les jeux d’argent peuvent susciter une envie immédiate de jouer, et de nombreuses personnes placent un pari peu de temps après y avoir été exposées. En s’appuyant sur des affiches réellement diffusées en France, cette étude montre que la publicité peut influencer les comportements dans la vie quotidienne, et pas uniquement dans des contextes expérimentaux de laboratoire, les jeunes adultes apparaissant particulièrement réceptifs à ces messages. Les résultats suggèrent plusieurs pistes concrètes de réduction des risques, telles que la limitation de la fréquence et des lieux d’exposition des jeunes à ces publicités, la restriction des contenus à forte pression (par exemple ceux mobilisant des célébrités ou des thèmes de « lien social »), ainsi que l’association systématique des promotions à des informations claires sur les risques et à des outils facilement accessibles de pause ou d’auto-exclusion. Ces mesures pourraient contribuer à mieux protéger les publics vulnérables et, plus largement, la population générale.
Lien vers l’article
https://psycnet.apa.org/doi/10.1037/adb0001102
Auteurs
Samantha Tessier (1), Lucia Romo (1,2), Corentin Gonthier (3,4) et Oulmann Zerhouni (5,6)
- 1) CLIPSYD–Psychologie Clinique, Psychanalyse, Développement, Université Paris Nanterre
- 2) Inserm Centre de Recherche en Epidémiologie et Santé des Populations 1018, Hôpital Universitaire Raymond-Poincaré (Assistance Publique–Hôpitaux de Paris)
- 3) Laboratoire de Psychologie des Pays de la Loire (UR 4638), Nantes Université
- 4) Laboratoire de Psychologie des Pays de la Loire, Institut Universitaire de France, Université d’Angers/Nantes Université
- 5) Laboratoire Parisien de Psychologie Sociale, Département de Psychologie, Université Paris Nanterre
- 6) Centre de Recherche sur les Fonctionnements et Dysfonctionnements Psychologiques (EA 7475), Université de Rouen Normandie