Parution d’un essai issu de la thèse posthume de Benjamin Lavigne intitulé Le Petit Surhomme des jeux vidéo et la gamification du monde – Éthique de la manipulation par l’interactivité ludique
Le chercheur a en effet travaillé sur les effets du virtuel, des réseaux, de l’image numérique et du jeu vidéo dans les interrelations humaines, et ce, sous le prisme de la philosophie de Nietzsche, notamment à travers le concept de surhomme vidéoludique. L’objectif de l’ouvrage est de dresser une critique singulière, rigoureuse et engagée des fondements technologiques de la société contemporaine. Présentation par l’éditeur.
« Le surhomme vidéoludique : les effets bien réels du virtuel, des réseaux, de l’image numérique et du jeu vidéo dans les interrelations humaines, sous le prisme de la philosophie de Nietzsche – un essai fulgurant issu de la thèse soutenue à titre posthume de Benjamin Lavigne (1981-2020), qui dresse une critique singulière, rigoureuse et engagée des fondements technologiques de la société contemporaine. La notion de surhomme est principalement associée à la philosophie de Nietzsche notamment à travers la figure de Zarathoustra, prophète lucide qui agit selon sa volonté de puissance pour affirmer les valeurs de l’existence. Dire oui à la vie veut dire se dépasser, se surpasser, redoubler d’invention et de créativité à l’image de Dionysos, le dieu de l’ivresse et de la danse. “Deviens qui tu es” devrait être le credo de chaque être humain. Dans sa thèse, Benjamin Lavigne établit un lien entre la notion nietzschéenne et le jeu vidéo. Si jouer est une activité bénéfique sur le plan cognitif et visuel, le jeu vidéo n’en est pas moins addictogène puisque le joueur est poussé à jouer au-delà du raisonnable. En laissant croire au joueur, à coup de récompenses et de gratifications, qu’il a “presque” gagné, le petit surhomme est plus occupé à devenir ce qu’il croit être qu’à chercher à devenir ce qu’il est.
Au cours de chapitres d’une grande densité conceptuelle, l’auteur propose une critique des fondements technologiques de la société contemporaine. Les liens avec les arts et spécifiquement avec les arts plastiques lui permettent de diagnostiquer un “malaise dans la culture”. Si les penseurs du milieu et de la fin du XIXe siècle ont pu penser que la culture était une alternative heureuse à l’idéologie de progrès, Benjamin Lavigne rappelle que les jeux vidéo ne sont pas des biens culturels comme les autres, qu’ils sont même le symptôme d’une société traversée par une profonde crise des valeurs. Benjamin Lavigne (né en 1981 à Mâcon) explore les thèmes du jouet et de la customisation esthétique de l’homme dès ses études secondaires. Pour son diplôme de fin d’études aux Beaux-Arts de Besançon, il conçoit un jeu de rôle “générique”, une expérience ludique invitant à l’émancipation, à la fois dans le jeu et dans “la vraie vie”. Il est reçu, en 2004, au Diplôme national d’Arts plastiques avec les félicitations du jury. Parallèlement, il intervient dans des projets pédagogiques auprès d’enfants et vit d’emplois précaires. En 2006, il obtient à nouveau les félicitations du jury à l’occasion de son Diplôme national supérieur d’expression plastique (option art). Il participe à différentes expositions collectives (Besançon, Genève, New York), avant d’entreprendre entre 2010 et 2014 l’écriture d’un projet de jeu vidéo philosophique, qu’il appelle “art game” ou “jeu expressif”, fondé sur la philosophie de Nietzsche. Ce jeu propose une réflexion sur l’humain et sur ce médium qui incite le joueur à s’orienter vers le “surhumain”. Benjamin Lavigne poursuit alors ses recherches, en prolongeant les intuitions de Laurent Trémel au sujet du “culte du surhomme”, en explorant l’idée d’une “gamification du monde”, esquissée par Mathieu Triclot. En 2014, il s’inscrit à l’Université de Lorraine (UFR ALL) et entreprend la rédaction d’une thèse de 1060 pages, à laquelle il travaille sans relâche durant six années. Adepte d’un mode de vie sobre, très concerné par le devenir de la planète, il entreprend la création d’un potager au pied de son immeuble. Ce dernier devient collectif, selon ses souhaits, avec la participation de son voisinage sensible à sa personnalité. Les années 2019 et 2020 lui imposent une lutte contre une maladie incurable. Il s’éteint le 7 août 2020 au CHU de Besançon. Grâce à ses amis et aux liens chaleureux tissés avec ses directeurs de recherche, la soutenance de cette thèse a pu avoir lieu à titre posthume le 18 septembre 2020. Les membres du jury lui attribueront des félicitations rendant hommage à la fois au travail, à l’engagement et à l’humanité de Benjamin Lavigne. »
Retrouvez des extraits et la table des matières sur le site de l’éditeur.
Source : https://lpcm.hypotheses.org/20869