En cette rentrée 2024, vient de paraître Jeux, sports et loisirs en France du XVIe au XXe siècle, aux Presses Universitaires de Rennes, sous la direction de Élisabeth Belmas et Laurent Turcot.
L’ouvrage, qui a mis à contribution une trentaine d’auteurs, est issu d’une Journée d’étude coorganisée par le GIS Jeu et Sociétés en 2015, en partenariat avec l’université Sorbonne Paris Nord, l’Université du Québec à Trois-Rivières et la Chaire de recherche du Canada en histoire des loisirs et des divertissements. Présentation.
L’époque moderne, du XVIe au début du XIXe siècle, représente un moment privilégié pour comprendre la genèse des nombreuses activités culturelles liées aux loisirs et aux divertissements, que ce soient le théâtre, les promenades, les tavernes, les courses de chevaux, la chasse, les jeux de cartes et de table, le billard, les cafés, les foires ou les jardins. D’aucuns soutiennent que ces phénomènes ne se développent qu’à partir de la seconde révolution industrielle (milieu du XIXe siècle) mais l’histoire des loisirs et des divertissements se déroule sur un temps beaucoup plus long. Dès le XVIe siècle s’organisent des entreprises – théâtres et cabarets – entièrement vouées à l’offre de produits de consommation qui favorisent les sociabilités. Cette tendance ne cesse de se renforcer avec les cafés, les promenades et les jardins. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, l’Église et l’État perdent peu à peu leur patronage sur les arts et la culture, laissant un vide que remplissent progressivement des entrepreneurs de loisirs. La « commercialisation », en plein essor entre les XVIIIe et XIXe siècles, va de pair avec l’offre croissante de divertissements au plus grand nombre. Une culture urbaine et sécularisée du loisir se développe et, avec elle, un nouveau vocabulaire et une nouvelle conscience du temps relayés par une presse périodique de plus en plus influente. L’ouvrage veut contribuer au renouveau de la recherche en matière de jeux, de loisirs et de divertissements. Il restitue la richesse et la complexité des jeux dits traditionnels, ancêtres lointains des sports et des loisirs contemporains, en arrimant solidement l’époque moderne aux siècles qui la précèdent et à ceux qui la suivent. Il n’est désormais plus possible de refuser aux jeux, aux sports et aux loisirs d’exister en tant qu’objets d’histoire à part entière : ils constituent un phénomène social global.
Table des matières
Introduction (Élisabeth Belmas et Laurent Turcot)
I. Les pratiques ludiques physiques
- Introduction
- Sport au XVIe siècle. Et si le baron de Coubertin n’avait rien inventé ? (Sébastien Nadot)
- Les Enfances du sport dans la France moderne (XVIe-XIXe siècle) (Serge Vaucelle)
- L’origine des sports comme enjeu national. Une invention française selon Jean-Jules Jusserand (1901) (Patrick Clastres)
- Les dialogues de Tuccaro sur « l’exercice de sauter et voltiger en l’air ». Le mouvement comme art et science (Alessandro Arcangeli et Sandra Schmidt)
- Éloquence du corps et gymnastique de l’esprit. Le sport et le jeu dans les livres d’emblèmes en France (XVIe-XVIIe siècles) (Rosa De Marco)
- Le jeu en promenade. Les terrains de pal-mail dans l’espace urbain des villes modernes françaises (XVIIe-XVIIIe siècles) (Kevin Bourniche)
- Le jeu de soule en France (XVIe-XIXe siècle). L’impossible sportivisation d’une pratique traditionnelle (Jean-François Loudcher)
- La paume au milieu du XIXe siècle, entre roman national et pratiques distinctives. Un revival impérial qui fait long feu (Paul Dietschy)
- Jeux, gymnastiques, sports et loisirs au XIXe siècle. L’exemple de la France du Nord (Olivier Chovaux)
- Des premiers défis aux compétitions réglementées. La course à pied au XIXe siècle (Thierry Arnal)
- Se vêtir en amazone, ou comment ne pas être à cheval sur le genre ? (Xenia Borderioux)
- 1860-1900, quand le vêtement féminin s’adapte aux activités physiques ! (Pascale Gorguet Ballesteros)
II. Se divertir en société : des jeux et des arts
- Introduction
- Un autre « noble jeu ». Billard, sociabilité masculine, divertissement et politique aux XVIIIe-XIXe siècles (Pierre-Yves Beaurepaire)
- Manoury, les dames « à la polonoise » et les cafés parisiens, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle (Thierry Depaulis)
- Diderot et la logique échiquéenne (Florian Vauléon)
- Jeux d’esprit et de conversation. Entre divertissement et performance collective (Sara Harvey)
- Les loisirs de la galanterie (Karen Newman)
- Jeux et loisirs dans Raison et sentiments et Orgueil et préjugés de Jane Austen (Juliette Vion-Dury)
- Se divertir en ville, se divertir à la campagne. Jeux et loisirs des Montmorency-Luxembourg au XVIIIe siècle (Sihem Kchaou)
- Les loisirs de la vie de château 1804-1914 (Nelly Faure)
- « La cupidité à poursuivre des gains immodérés et suspects ». Le jeu de Bourse (Antonio Cappuccio)
III. Spectacles publics et privés
- Introduction
- Tournois, joutes et pas d’armes en France au XVIe siècle (Henri Simonneau)
- L’homme et l’animal dans les jeux romains, XVIe -XVIIIe siècle. Honneur et dérision (Martine Boiteux)
- Jeux de joie et joie du jeu. Rites et pratiques ludiques au cours des réjouissances monarchiques au XVIIIe siècle (Pauline Valade)
- Décoration et disposition intérieures de la salle de spectacle au XVIIIe siècle. Entre loisir urbain et jeux de pouvoir, l’exemple de la salle de l’Odéon (1782-1799) (Hadrien Volle)
- Le plaisir des sens au Salon (Isabelle Pichet)
- La folie des « montagnes russes » à Paris sous la Restauration. Un moment intermédial dans la culture de l’imprimé (Peggy Davis)
Conclusion (Élisabeth Belmas et Laurent Turcot)
Élisabeth Belmas est professeur émérite d’histoire moderne à l’université Sorbonne Paris-Nord, membre du laboratoire IRIS (UMR 8156) et membre de l’axe 2 « Santé, Société » de la Maison des sciences de l’homme Paris-Nord. Elle est aussi secrétaire générale du GIS « Jeu et Sociétés ». Ses recherches portent sur l’histoire du jeu dans la société française moderne et sur l’histoire de la santé et des maladies.
Laurent Turcot, écrivain, historien, professeur, s’intéresse spécialement à l’histoire sociale et culturelle du Québec et de l’Europe. Il a écrit des essais et des romans, rédigé plusieurs articles et participé à des colloques universitaires. Il a créé la chaîne YouTube L’ Histoire nous le dira, qui compte plus de 410 000 abonnés.
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