Du lundi au vendredi, France Culture fait la part belle à l’histoire et à sa place au sein de l’espace public grâce à l’émission Le Cours de L’Histoire produite par l’historien Xavier Mauduit.
Ce rendez-vous, diffusé sous forme radiophonique et de podcast, sera consacré, du lundi 14 au vendredi 17 décembre 2020, de 9h à 10h, à l’histoire du jeu. A travers une série de 4 épisodes, intitulée «Jouer en société, d’où viennent les règles du jeu ?», des spécialistes du jeu, tels Gilles Brougère, Ulrich Staedler et Michel Mansion, y exploreront le jeu sous différents aspects.
Le premier épisode de la série, intitulé «Loteries royales, les jeux de l’État et du hasard» donnera quant'à lui la parole à Elisabeth Belmas, professeure émérite d’histoire moderne, Université Sorbonne Paris Nord et secrétaire générale du GIS Jeu et Sociétés. Spécialiste de l’histoire de la santé et de l’histoire du jeu, elle est l’autrice d’un ouvrage intitulé Jouer autrefois. Essai sur le jeu dans la France moderne (XVIe-XVIIIe siècle) (Champ Vallon, 2006) et, plus récemment, elle a dirigé avec Juliette Vion-Dury Le jeu dans tous ses états : Approches pluridisciplinaires du phénomène ludique (L’Harmattan, 2020). Extrait.
« La société d’Ancien Régime a la fièvre du jeu : des rois aux artisans en passant par les domestiques, tout le monde joue. Si la Renaissance se passionnait pour les jeux d’extérieur, les XVIe et XVIIe siècles imposent les jeux de stratégie, de réflexion, de cartes et de plateau. Plus encore, c’est le jeu de hasard qui remporte un franc succès. Il fait l’objet de paris intéressés, jusqu’à devenir extrêmement rentable pour ceux qui en saisissent les mécanismes.
Tous ne sont pas heureux au jeu et les moralistes associent rapidement ces pratiques à un véritable fléau, générateur de misère économique et sociale. C’est aussi l’avis des théologiens, qui considèrent le jeu de hasard comme une sollicitation abusive de la providence : jouer est un péché. Ces réticences n’endiguent ni la passion du jeu, ni la convoitise de ceux qui en tirent profit. Au XVIIIe siècle, l’État devient l’opérateur et le bénéficiaire principal du jeu. La loterie royale est un succès, au point qu’elle est considérée comme un impôt volontaire extrêmement efficace et comme un palliatif budgétaire de premier plan. Comment le jeu a-t-il pu occuper une place aussi centrale dans la société d’Ancien Régime, malgré les réticences des moralistes et des théologiens ? Comment expliquer le jeu ambigu de l’État qui a profité de ces pratiques autant qu’il les a condamnées ? »