Quel est le lien entre l'art, des machines ludiques et le mouvement situationniste ? Sans aucun doute l'artiste Jacqueline De Jong dont l'exposition se tient du 12 décembre 2020 au 16 janvier 2021 à la galerie Treize de Paris (11e). Historique et présentation.

Le 18 septembre 2016, lors d’une visite au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston, la peintre néerlandaise Jacqueline de Jong (née en 1939) tombe sur le Digi-Comp II, un jouet éducatif présentant les rudiments de la logique computationnelle à l’aide de boules, d’un plan incliné et de déviateurs. Cette rencontre fortuite rappelle à Jacqueline de Jong le souvenir d’une passion de jeunesse pour une autre machine, autrement plus ludique : le flipper. Au début des années 1970, l’artiste avait en effet entrepris de consacrer à ce jeu le septième numéro de sa revue The Situationist Times.

Conçu avec le designer et galeriste Hans Brinkmann, ce Pinball issue n’a finalement pas vu le jour. Il en reste un ensemble de documents préparatoires – photographies, correspondance, coupures de presse, imprimés divers –, jusque là conservés dans un carton, oublié dans la maison d’Amsterdam de l’artiste.

Ces archives sont au cœur du projet éditorial et curatorial «These Are Situationist Times», mené par le chercheur norvégien Ellef Prestæter et Torpedo Press (Oslo) en étroite collaboration avec Jacqueline de Jong. Elles rejoindront bientôt le reste du fonds Jacqueline de Jong de la Beinecke Library de l’université de «Same Players Shoot Again» constitue l’adaptation parisienne d’une exposition qui, depuis 2018, a connu plusieurs étapes et met à l’honneur le livre et l’interface numérique, élaborés avec Torpedo Press et l'Institute for Computational Vandalism.

Manifeste topologique, bulletin politique et encyclopédie visuelle, The Situationist Times (1962-1967) – que Jacqueline de Jong commence à éditer après son exclusion de l’Internationale situationniste en collaboration avec l’éditeur et pataphysicien Noël Arnaud –, s’enracine dans la culture vernaculaire, l'histoire du jeu et les mathématiques non euclidiennes. En confrontant les fragments du dernier numéro inédit de l'une des plus importantes revues artistiques d'après-guerre avec des œuvres picturales et graphiques réalisées à la même époque par son éditrice, l'exposition "Same Players Shoot Again" trace – comme une boule de flipper–, des dérives, des entrelacs, des relations souterraines, des courbes hasardeuses et des trajectoires dissidentes au sein des avant-gardes artistiques et politiques de son temps.

Une exposition conçue par Jacqueline de Jong et Ellef Prestsæter, en collaboration avec Juliette Pollet, Gallien Déjean, Emmanuel Guy & Fanny Schulmann.

L'exposition a reçu le soutien de l’Ambassade des Pays-Bas, de l’Ambassade de Norvège et d’AWARE (Archives of Women Artists Research & Exhibition).

Informations pratiques :

Treize reçoit le soutien de la Mairie de Paris et de la DRAC Ile-de-France.

Jacqueline de Jong, Carnet de parties de flipper à Amsterdam, années 1970. Archives Jacqueline de Jong

Image de couverture: Flipper "Gaucho" de la D.Gottlieb Company (1963), photographie de Hans Brinkman, années 1970, Archives Jacqueline de Jong.